• Le Monde.fr avec AFP | 09.05.2014 à 12h09

    La police genevoise évacue l'appareil, le 17 février, à l'aéroport international.

    Le copilote éthiopien qui avait en février détourné vers Genève un avion d'Ethiopian Airlines ne sera pas renvoyé dans son pays et sera jugé en Suisse, Berne ayant refusé son extradition à l'Ethiopie.

    L'information, révélée vendredi par Le Matin, a été confirmée par le porte-parole de l'Office fédéral de la justice (OFJ). Berne a informé l'Ethiopie qu'une procédure pénale est actuellement ouverte en Suisse contre le copilote, pour les mêmes faits que ceux mentionnés dans la demande d'extradition formulée par Addis-Abeba.

    Le détournement du vol reliant Addis-Abeba à Rome avait eu lieu le 17 février. Le copilote, Haidemin Abera Tagegn, âgé de 31 ans, profitant de l'absence du pilote parti aux toilettes, s'était enfermé dans le cockpit et avait pris le contrôle de l'appareil pour le faire atterrir à Genève. Aucun des 201 passagers qui se trouvaient à bord de l'avion ni aucun membre d'équipage n'avait été blessé.

    Le pirate de l'air, une fois l'avion immobilisé sur le tarmac, s'était immédiatement rendu à la police en sortant du Boeing 767 par une des fenêtres du cockpit au moyen d'une corde. Le copilote avait expliqué être menacé dans son pays et être venu en Suisse pour demander l'asile politique. Aucune explication complémentaire sur ses motivations ou son état psychique n'a été fournie depuis par la justice suisse. Il encourt une peine maximale de vingt ans de prison.

    Dans ce détournement peu ordinaire, c'est le pirate qui avait donné l'alerte, grâce au transpondeur de l'avion, qui permet au contrôle aérien d'identifier l'appareil. Le Boeing avait été escorté par des chasseurs Eurofighter de l'armée de l'air italienne jusqu'à la frontière suisse, puis par un Mirage 2000 français jusqu'à son atterrissage à Genève.


    Vol Ethiopian Airlines : le copilote auteur du... par lemondefr


    votre commentaire
  •  L'Éthiopie est accusée depuis plusieurs années de censurer les opposants.

    L'Éthiopie est accusée depuis plusieurs années de censurer les opposants.© AFP

    La police éthiopienne a procédé mardi à l’arrestation de neuf journalistes et blogueurs, accusés "d’activité criminelle grave" par le gouvernement.

    C'est une nouvelle fois la liberté d'expression qui est malmenée en Éthiopie. Selon les autorités éthiopiennes, les neuf blogueurs et journalistes qui ont été arrêtés sont accusés d’"activités criminelles graves". Mardi 29 avril, le porte-parole du gouvernement éthiopien, Getachew Reda, a justifié sans  plus d’explication à l’AFP "qu’ils sont suspectés de crimes graves et que la police enquête".

    En revanche, le blog Zone 9, inaccessible en Éthiopie, a déclaré que "six de ses contributeurs et trois journalistes indépendants ont été arrêtés les 25 et 26 avril et inculpés pour avoir travaillé avec des militants des droits de l'Homme étrangers (...) et avoir incité à la violence via les médias sociaux pour déstabiliser le pays".

    Le comité de protection des Journalistes (CPJ) a réagi à cette affaire en déclarant que c'était l'une des "pires opérations de répression de la liberté d'expression en Éthiopie". Pour Amnesty International, l'événement s’inscrirait dans "une tendance déjà ancienne d’arrestations et de harcèlement de militants et défenseurs des droits de l'Homme, de journalistes et d'opposants".

    Human Rights Watch (HRW) s’est également mobilisé pour réclamer la libération des neuf journalistes et blogueurs. La directrice-adjointe de l'ONG de défense des droits de l’Homme, Leslie Lefkow, a constaté que "une fois encore quiconque critique le gouvernement éthiopien est réduit au silence".

    L’arrivée du secrétaire d’Etat John Kerry relance le débat

    Ces arrestations se produisent la même semaine que le début de la tournée en Afrique du secrétaire d’État américain John Kerry. Et pour la directrice-adjointe de HRW, "le moment choisi pour ces arrestations - quelques jours avant la visite du secrétaire d'Etat américain - est éloquent en ce qui concerne le mépris de l'Éthiopie pour la liberté d'expression". Ce sujet devrait être abordé durant la rencontre à Addis abeba avec le gouvernement éthiopien.

    >> Lire aussi : deux journalistes emprisonnés nominés pour le prix Sakharov 2013

    En Ethiopie de nombreux journalistes, militants ou encore opposants ont subi le même sort. Ainsi, dans leurs revendications, les militants de HRW incitent John Kerry à  demander "la libération de tous les militants et journalistes arbitrairement arrêtés ou condamnés au cours de procès inéquitables".

    Du point de vue du gouvernement, les arrestations sont justifiées par la loi antiterroriste très controversée appliquée en Éthiopie. Son caractère vague permet de censurer la liberté d’expression et de museler les opposants.

    Cependant, des manifestations encadrées par la police ont été autorisées dimanche pour 200 membres du parti Semayawi. Ce parti est l'une des rares formations d’opposition en Éthiopie. Après l’arrestation d’une vingtaine de ses militants, celui-ci réclame plus de liberté et une vraie démocratie.


    votre commentaire
  • En Ethiopie, des raisins en pleine croissance

    le 02 Mai 2014

    Les plants de cépages importés d'Europe ont mis du temps à s'adapter à l'altitude et au climat éthiopien.

    Postés à intervalles réguliers dans les rangées de vigne, des hommes font claquer leur lasso pour éloigner les oiseaux. "Mettre des filets aurait coûté 800 000 euros", justifie Olivier Spillebout. La solution pour empêcher les antilopes de brouter le haut des plants n'a pas encore été trouvée, mais l'oenologue du groupe français Castel s'amuse presque de ces problèmes. Il sait qu'il vit une expérience unique et, surtout, qu'il est en passe de réussir le pari qu'on lui a confié il y a cinq ans : créer un vin de toutes pièces... en Ethiopie.

    Des familles européennes en produisaient déjà à l'époque de l'empereur Haïlé Sélassié. A la fin des années 1970, le régime militaro-communiste du Derg avait ensuite nationalisé ces exploitations sous l'appellation Awash Winery. Le marché intérieur existe, au point que le consortium international qui vient de racheter à prix d'or cette société d'Etat vise les 20 millions de bouteilles par an. Mais la boisson est très... singulière. Certains n'hésitent pas à dire qu'avec tous ces additifs et ce sucre, ce n'est plus vraiment du vin.

    De son côté, Castel a une tout autre ambition : faire une boisson "de qualité" destinée à l'export, au moins pour moitié. Le groupe français, très implanté en Afrique grâce à la bière, n'a cependant pas trouvé l'idée tout seul. C'est l'ancien premier ministre Meles Zenawi, décédé en 2012, qui lui en a quasiment intimé l'ordre afin de transformer l'image de l'Ethiopie et de rapporter des devises. Malgré 25 millions d'euros d'investissement nécessaires, "Pierre Castel n'a pas monté cette cave pour faire de l'argent", assure Olivier Spillebout en déambulant dans l'usine tout en inox avec écran tactile encastré dans le mur. En fait, l'entreprise y a surtout vu un moyen de renforcer sa position dans un pays en plein boom économique, mais encore difficile d'accès.

    ABSENCE DE SAISONNALITÉ

    Certes, le lien privilégié avec les autorités va sans doute permettre le développement d'activités lucratives dans un Etat devenu, avec plus de 90 millions d'habitants, le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique. Mais le vignoble en lui-même pourrait, en fin de compte, devenir rapidement profitable. Cette année, 1,3 million de bouteilles ont été produites et ont toutes été commandées à l'avance. Car les cuvées de Rift Valley et d'Acacia se sont fait désirer. Olivier Spillebout explique le retard par la difficulté de s'adapter à l'altitude de Ziway (1 600 m) et à l'absence de saisonnalité. En Ethiopie, les températures et les durées de jour et de nuit sont à peu près constantes toute l'année, ce qui a déboussolé les plants de chardonnay, de syrah, de merlot et de cabernet-sauvignon arrivés d'Europe.

    Mais le consommateur, ne risque-t-il pas, lui aussi, d'être tourneboulé par un vin de provenance aussi exotique ? Les Chinois ont déjà acheté 300 000 bouteilles, la nombreuse diaspora d'Amérique du Nord sera curieuse de découvrir ce nouveau produit. Et une classe moyenne se développe. "Même si l'obsession du gouvernement est de faire entrer des devises étrangères, je pense qu'à terme notre marché sera plutôt national", estime même Bernard Coulais, directeur général de Castel BGI, filiale du géant français en Ethiopie.

    "Quand le projet a été lancé, il y a eu des critiques aberrantes trouvant scandaleux de faire du vin dans un pays qui crève de faim...", sourit-il. Rappelons tout de même que, dans ce pays où le revenu national brut n'excède pas 380 dollars par habitant et par an, trois Ethiopiens sur dix vivent avec moins de 0,60 dollar par jour. Mais, c'est vrai, les autorités du pays ont faim... de succès économiques. Et si la classe moyenne a soif, Castel espère que ce sera de son vin.


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires