• La solidarité sauve les jeunes du sud de l'Éthiopie

     

    Ouest France le lundi 24 décembre 2012

     

     

     

     

    Soleil d'Éthiopie, petite association au service d'enfants éthiopiens oeuvre, dans une région délaissée du Sud-Ouest. Dix-huit mois après la crise alimentaire qui a frappé la Corne de l'Afrique, gros plan sur ses projets soutenus par Ouest-France Solidarité.

    Qui se soucie de la région du Kaffa où le caféier pousse depuis la Préhistoire ? Trop verte pour les grosses ONG. Trop au Sud pour un gouvernement verrouillé par les « Nordistes ». Le sort de cette partie de l'Éthiopie, où survivent misérablement des minorités discriminées, a ému Élisabeth et Jean-Louis Belet. Ce couple hors du commun, parents de 12 enfants, dont 8 ont été adoptés, se rend sur place, à ses frais, depuis 2001.

    Touchés par le sort des enfants des rues, ils ont créé l'association Soleil d'Éthiopie pour financer une école à Jimma, à 350 km d'Addis Abeba. L'établissement, qui applique la pédagogie Montessori, accueille 177 élèves de 3 à 8 ans et leur fournit quotidiennement le repas qu'ils n'auraient pas chez eux. Le plus souvent, une galette d'injera qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la galette de blé noir, le goût, acide, excepté.

     

    Au fil du temps, Élisabeth et Jean-Louis Belet ont été sollicités pour d'autres actions. L'association redistribue 100 % des sommes reçues. Elle travaille en étroite collaboration avec le clergé catholique local. Autant qu'elle le peut, la population met la main à la pâte.

     

    Plusieurs projets ont été menés à bien aux environs de la ville de Bonga, à une centaine de kilomètres de mauvaise route, au sud de Jimma. En 2011, la région a fortement souffert de la sécheresse. Impossible de connaître précisément l'ampleur du désastre. Paradoxe d'une famine dans une région « verte » où les plus faibles sont morts dans l'indifférence. Ouest-France Solidarité s'est appuyé sur Soleil d'Éthiopie pour venir en aide à ces populations éprouvées. Un an et demi après, quelle est la situation ?

     

    En cette mi-novembre, le paysage montagneux, à plus de 2 000 m d'altitude, a retrouvé sa couleur verte. La saison des pluies s'achève. Nous partons à Chiri, une bourgade de 6 000 habitants à une heure et demi de Bonga. Sur la piste défoncée, le 4 x 4 du père Alemayehu soulève un épais nuage de poussière. On croise des femmes lourdement chargées, des hommes à dos de mule, des vaches, des singes...

     

    50 € par mois et par enfant

     

    À l'arrivée, dans l'enceinte du presbytère, seize jeunes filles nous accueillent devant l'internat qui a été financé par les lecteurs de Ouest-France à hauteur de 21 000 €. Elles sont toutes là, souriantes au milieu des fleurs. La cérémonie du café va pouvoir commencer. Le moment est important. Un cri du coeur : « Nous sommes bien ici ! »

     

    Elles partagent quatre chambres, deux pièces communes pour manger et travailler, et une douche (quand il y a de l'eau...). Des enseignants se relaient pour leur donner des cours du soir. Elles habitent à des heures de marche. « Une dizaine », assure Bogalch Mengesha, 16 ans, six frères et soeurs. « Moi, c'est plus de cinq heures », confie Abebayu Sahelle, 15 ans. Sa mère est seule et n'a pas de travail. Son père est parti sans laisser d'adresse.

     

    Comme leurs amies, sans l'internat, elles ne seraient pas scolarisées. Les familles (sur)vivent dans le dénuement le plus extrême et n'ont pas toujours de quoi habiller leurs enfants. Certaines appartiennent à la minorité méprisée des Manjas. Ici, sous la houlette du père Awoke, les ados apprennent aussi à s'occuper du potager et du poulailler. Tout compris, il faut compter environ 50 € par mois et par enfant pour assurer la vie à l'internat. « Des parrains sont bienvenus », espère le jeune prêtre.

     

    Tout le monde n'est pas aussi bien loti. L'expédition se poursuit plus près du Soudan-du-Sud, à Dekia. Il n'y a pas de route. Après 4 h à dos de mule et de marche jusqu'aux genoux dans la boue (quand la pente se fait trop rude), place à un tout autre « internat ».

     

    La masure date de plus de 50 ans et héberge 19 garçons dans des conditions difficiles. Le père Worku nourrit les ados comme il peut. Un bout de pain ou de patate arrosé d'une tasse de thé. Grâce à la générosité des lecteurs de Ouest-France, un véritable internat sera construit, l'an prochain, pour un montant de 25 000 €.

     

    À côté, une église construite, il y a une cinquantaine d'années, par un missionnaire vendéen, le père Limousin, dont tout le monde, ici, se souvient avec émotion. Aux alentours, les familles (nombreuses) logent dans des huttes de bois et de terre, à même le sol, dans la promiscuité la plus totale, au milieu des poules et des chèvres. Un feu à l'intérieur et une porte pour seule ouverture. Et pourtant, le voyageur y est reçu comme un roi. Autour d'un bon café.


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