Ethiopie: Assez d'eau dans le Nil pour partager, mais pas assez pour gaspiller
Addis Abeba — Alors que le projet de construction d'un gigantesque barrage en Éthiopie continue de susciter des inquiétudes en Égypte, qui se situe en aval du bassin du Nil, une nouvelle étude suggère que le débit du Nil est suffisant pour alimenter les dix pays qu'il traverse et que la pauvreté pourrait nettement y reculer si les petits agriculteurs avaient un meilleur accès au fleuve.
« Nous dirions qu'il y a physiquement assez d'eau dans le Nil pour tous les pays riverains », a dit Simon Langan, directeur du Bureau Afrique de l'Est et Bassin du Nil de l'Institut international de gestion des ressources en eau (International Water Management Institute, IWMI), lors du lancement à Addis Abeba de The Nile River Basin : Water, Agriculture, Governance and Livelihoods (Bassin du Nil : eau, agriculture, gouvernance et moyens de subsistance), publié par le Programme sur les défis en matière d'eau et d'alimentation du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI).
« Ce que nous devons réellement faire, c'est nous assurer que cette eau est accessible [...] Le taux de pauvreté est d'environ 17 pour cent en Égypte, mais il atteint près de 50 pour cent dans cinq des pays riverains plus en amont. L'accès à l'eau est donc très important », a ajouté M. Langan.
Selon un avis aux médias informant de la sortie du livre, le Nil a un débit « suffisant pour alimenter les barrages et irriguer les terres agricoles arides des dix pays riverains, mais les décideurs risquent de déposséder les pauvres de leur accès à l'eau s'ils n'adoptent pas des mesures de gestion de l'eau qui ne laissent personne de côté. »
Selon Seleshi Bekele, coéditeur du livre et spécialiste des ressources en eau et du climat à la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, si de meilleurs semences et outils sont essentiels pour améliorer la productivité agricole, l'eau est encore plus importante.