• Nous constatons, avec regret, que les lourdeurs administratives et l'immobilisme des autorités locales ne font pas avancés le projet. Malgré une bonne volonté affichée par le directeur de l'école, nous décidons de ne pas faire de dons en argent (fort heureusement tous les dons ont été capitalisés via ARM sur le compte du Crédit Mutuel) pour la réfection de l'école car nous ne voyons pas d'avancée concrète et de perspectives pour l'avenir pour MESKEREM 16.

    Nous privilégierons donc dorénavant les pistes suivantes :

    • apport de fournitures scolaires que l'on a du mal à trouver à Bahar Dar (gomme, calculette solaire, règles ...)

    Que faire pour Meskerem 16 ?

     

    Que faire pour Meskerem 16 ?

     

     

    • achat du matériel standard ou lourds sur place (cahier, papier ..)

    Que faire pour Meskerem 16 ?


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  • Qu’ils soient chrétiens orthodoxes ou musulmans, tous les Ethiopiens respectent scrupuleusement les interdits alimentaires prescrits par leur religion. Tous, sauf les 4000 Woyitos. Linda Caille a rencontré "ceux qui mangent de tout" à Bahar Dar, au nord de l’Ethiopie.
    La scène est irrémédiablement la même dans toute l’Ethiopie à l’heure du déjeuner : qu’ils sortent de l’école ou descendent d’un bus, les habitants se séparent en deux files lorsqu’ils arrivent devant les restaurants ou les boucheries. Les uns attendent devant le commerce marqué d’une croix, les autres devant l’étal estampillé d’un croissant et d’une étoile. Quand aucun des symboles n’apparaît, le nom des enseignes annonce la religion du propriétaire. En Ethiopie, chrétiens et musulmans ne mangent jamais de viande ensemble. Les quatre-vingt-huit millions d’Éthiopiens respectent leur foi à la lettre. Enfreindre les rituels qui entourent la consommation de viande est un sacrilège. Sauf pour un groupe de 4000 personnes appelées Woyitos, littéralement : « ceux qui
    mangent de tout ». Eux ne font pas de différence et sont mis au ban de la société.
    Dans la ville de Bahar Dar, sur les berges du lac Tana, à 570 kilomètres au nord-ouest d’Addis-Abeba, non loin des spas des hôtels de luxe, une rigole sale marque la frontière avec leur monde de huttes insalubres. Personne n’entre dans leur « village » sans être accompagné. Le long des ruelles, des pancartes en bois signalent les écoles et les latrines construites par les organisations humanitaires. Dagnet Addisu, 42 ans, grand échalas digne et las, est le porte-parole des Woyitos.
    Planté devant un hangar flambant neuf où des sacs pleins de farine reposent au pied d’un four, il explique : « Lorsque les volontaires des organisations humanitaires ont préparé puis commercialisé leur pain, les habitants de Bahar Dar l’ont acheté. Mais quand nous avons voulu vendre le nôtre, préparé de la même façon, avec les mêmes ingrédients, personne n’en a voulu. » Il ajoute, amer : « Nous sommes impurs et maudits. » L’opprobre est inscrit jusque dans leur nom ; en amharique, la langue officielle, « Woyito » est une insulte.

    Eux et nous

    La malédiction remonterait à l’Egypte ancienne. Victimes de la famine, les Woyitos auraient quitté le pays en remontant le Nil puis l’un de ses principaux affluents, le Nil Bleu, pour s’établir à sa source, le lac Tana, appelé Pseboe (« le marais creux ») par le géographe Ptolémée. Pêcheurs réputés pour leur dextérité et la solidité de leurs barques en papyrus, les Woyitos vivent alors de la chasse à l’hippopotame, qui pullule sur les berges du Nil Bleu. Mais le mammifère amphibie est un animal impur, donc immangeable, pour la majorité des chrétiens orthodoxes qui, comme certains juifs, suivent les préceptes alimentaires du chapitre 11 du livre du Lévitique. Tout comme le porc, le lièvre, le chameau ou les animaux morts, l’hippopotame ne peut être touché et celui qui transporte son corps doit laver ses vêtements. En tirant profit de cet animal, les Woyitos auraient été contaminés par son impureté. La mythologie éthiopienne voudrait même que l’hippopotame défèque par la bouche.

    Les hippopotames du lac Tana ont disparu, mais sur le pas des maisons, assis à même le sol,
    quelques hommes confectionnent toujours les tankwas, les fameuses barques en papyrus
    devenues le symbole de Bahar Dar. Ils sont saisonniers, maçons ou pêcheurs. Sur l’unique lit
    crasseux de la famille, une mère soulève une couverture et découvre une petite fille tremblotante : « Elle a le paludisme. Un jour, il faudra aller au centre de santé ». Les femmes Woyito vivent de la vente de hauts paniers servant à conserver l’injera, le plat national. Des soleils et des croix sont tatoués sur leurs tempes, leur front, leurs poignets. Rien ne les distingue des autres Ethiopiennes, sauf peut-être leurs mains et leurs pieds, calleux et difformes, devenus de solides outils de travail.
    Plus loin, deux équipes d’adolescents s’affrontent autour d’un vieux baby-foot. « Nous n’avons jamais été propriétaires de nos terres, voilà pourquoi nous sommes pauvres », explique Dagnet Addisu en remontant les rues boueuses de son quartier. Il pointe une petite
    enceinte de l’autre côté de la rigole : « Regardez, cette maison possède l’eau courante ». Puis, il se retourne et désigne une hutte affaissée depuis l’averse de la nuit précédente : « Celle-ci est un foyer woyito ». Depuis les années 1970, les Woyitos ont été déplacés tout autour du lac Tana au gré des constructions, comme l’explique un vieil homme aux poches bourrées de sacs plastiques : « Avec ma soeur, nous possédions des terres au nord du lac vers Gondar, mais le Derg, le gouvernement militaire, nous a chassés. »
    « Nous mangeons ce que nous trouvons »
    La religion et le régime alimentaire des Woyitos demeurent flous ou tabous. Deux interprètes
    éthiopiens refusent d’abord de traduire la question posée aux Woyitos puis, par des voies
    détournées, ils demandent : « Que signifie le nom de votre tribu ? ». Une mère de famille finit par lâcher : « Nous sommes pauvres, nous mangeons ce que nous trouvons. Certains disent que nous mangeons des animaux morts. » Gêné, Dagnet Addisu répond du bout des lèvres, en détournant le regard : « Nous sommes des pêcheurs, nous mangeons le gros poisson à la chair rouge pêché dans le lac, le poisson-chat. » Afin de les ménager, l’administration locale utilise le terme « negede », qui signifie « la tribu », pour les désigner.
    En cette saison sèche, à Bahar Dar, le long des larges avenues bordées de palmiers, les nombreux cyclistes et les bajaj, ces scooters couverts à trois roues, donnent des airs d’Asie du sud est à cette ville de 180 000 habitants aux banlieues chics en chantier. Dans un des trois quartiers woyito de Bahar Dar, une petite mosquée de torchis, surplombée d’un fragile haut-parleur, accueille une vingtaine de personnes. « Nous sommes musulmans », dit le gardien. Mais les Woyitos, islamisés par des Soufis, sont jugés trop proches des chrétiens par les musulmans qui leur refusent l’entrée de la grande mosquée le vendredi. Mêmes suspicions côté chrétien : « L’évêque catholique leur a rendu visite en 2010. Il portait une grosse croix en argent autour du cou, mais les Woyitos ne lui ont pas accordé un regard, regrette un notable catholique. Pour eux, la religion est une étiquette.
    Ils construisent leur spiritualité en piochant un peu partout ».

    Le mouton de la discorde

    Le Père Iyassu, 33 ans, a entrepris de scolariser une soixantaine d’enfants Woyito depuis 2009. Il se souvient de la confusion générale lorsqu’il a offert un mouton aux habitants pour célébrer la scolarisation des enfants. A quel Dieu consacrer cette chair ? Celui des chrétiens ou des musulmans ? « Une partie des Woyitos, qui se disaient chrétiens, ont refusé que d’autres
    participent au banquet sous prétexte qu’ils étaient musulmans. Selon eux, ces derniers
    prétendaient être chrétiens uniquement pour participer au repas. Ils réclamaient un second
    mouton, j’ai refusé ; le banquet s’est terminé en dispute. »
    Dans son polo à rayures, ce travailleur social catholique est fier de montrer le portrait de la
    meilleure élève de l’école trônant sur son bureau. Patient, il soupire : « Les Woyitos sont
    compliqués, agressifs et méfiants. Personne ne veut les connaître. On leur reproche de boire, de se marier entre eux et de vivre au jour le jour. Il m’a fallu un an pour les approcher. Plusieurs fois j’ai été chassé de leur quartier. Dégage ! criaient-ils. On n’a pas besoin de ton aide ! »
    Ce matin, la salle de bain déborde de cris d’enfants. Deux fois par semaine, les enfants Woyito
    sont savonnés des pieds à la tête. « Certains jours, ils sentent tellement mauvais que nous
    expliquons à leur mère l’utilité du bain et la nécessité de passer du temps avec les enfants. Ce sont des enfants des rues, ils sont agités parfois », explique l’une des quatre institutrices. La plus jeune est Woyito. Deux d’entre-elles refuseront d’être interviewées.
    A Bahar, les Woyitos sont reconnus par les autorités locales comme les premiers habitants du lac Tana. Capitale de la région Amhara, l’une des huit régions d’Ethiopie, Bahar Dar a bénéficié, tout au long des années 1990, de l’afflux et de la croissance d’une classe moyenne employée dans les nombreuses administrations. Devant les échoppes d’icônes, des rastas ébouriffés croisent les nombreux pèlerins orthodoxes de retour du village de Lalibela, « la Jérusalem noire », classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Souvent, le profil altier de Marie-Thérèse d’Autriche apparaît au cou des Ethiopiennes, gravé sur une médaille en argent. Cette pièce, portée comme un bijou, reste
    le souvenir de l’époque où, au XIXe siècle, le thaler autrichien était la monnaie commerciale
    officielle en Ethiopie.

    Dans un pays où même les individus sous-alimentés jeûnent le mercredi et le vendredi, les
    Woyitos évoluent entre deux mondes, comme l’hippopotame. Ils refusent de choisir, à la fois
    pêcheurs et chasseurs, citoyens et parias, musulmans et chrétiens. Sur les collines de la capitale Addis Abeba, Eloi Ficquet, ethnologue et directeur du centre des études éthiopiennes, est catégorique : « Sacrifier aux deux religions est impensable. Si les Woyitos jouent sur l’ambiguïté, il n’est pas étonnant qu’ils soient maintenus dans la précarité. La viande demeure le marqueur le plus clivant de la société éthiopienne. »

    L’origine d’un malheur

    L’idée que les Woyitos auraient été « contaminés » par les hippopotames n’est pas la seule
    explication avancée pour expliquer leur « malédiction ». Selon une autre hypothèse, au XVIe
    siècle, cette caste minoritaire à la religion non définie aurait été cantonnée à l’exécution des
    tâches ingrates par les ethnies dominantes chrétiennes. Des tâches ingrates, mais utiles à la
    guerre. La peau de l’hippopotame n’est-elle pas recherchée pour la confection, entre autres, des fouets et des boucliers ? Les chrétiens sont alors en pleine conquête, ils étendent leur domination du Royaume d’Abyssinie, au nord, vers les frontières actuelles avec le Soudan.

    Ces chrétiens qui refusent de manger du porc

    L’Ethiopie est chrétienne depuis le début du IVe siècle. Jusqu’en 1974, l’orthodoxie était religion d’Etat. Très pratiquants, les Ethiopiens orthodoxes sont attachés à leurs racines juives d’où leur lecture rigoureuse des textes que les juifs et les chrétiens ont en commun c’est à dire les cinq premiers livres de la Bible. Ces derniers s’appellent la Thora chez les juifs et le Pentateuque chez les chrétiens. L’un de ces cinq livres, le Lévitique, énumère l’ensemble des interdits alimentaires.

    Linda CAILLE - 2012


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  • Segenet Kelemu : "Le continent africain souffre d'un manque d'investissements dans la recherche"

    La scientifique éthiopienne Segenet Kelemu.
    La scientifique éthiopienne Segenet Kelemu. © L'Oréal-Unesco

    Lauréate Afrique du Prix L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science, la scientifique éthiopienne Segenet Kelemu espère que cette distinction lui permettra de "mettre en avant l'importance de la recherche et des sciences auprès de la jeunesse africaine et des élites dirigeantes".

    Première femme d'Afrique de l'Est à intégrer l'université d’Éthiopie, Segenet Kelemu est la lauréate Afrique du Prix L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science. Décernée le 19 mars à Paris, cette distinction est attribuée chaque année à cinq femmes représentants les cinq régions du monde pour leur contribution au progrès de la science.

     

    La scientifique éthiopienne est récompensée pour ses recherches sur la façon dont les micro-organismes vivant en symbiose avec les plantes fourragères peuvent améliorer leur capacité à résister aux maladies et s’adapter aux contraintes environnementales et aux évolutions climatiques. Ses découvertes ont offert de nouvelles solutions de production alimentaire dans des conditions éco-responsables, favorables aux petits exploitants agricoles locaux.

     


    Segenet Kelemu : "Le continent africain souffre... par Jeuneafriquetv

    Après avoir étudié aux États-Unis et travaillé en Colombie, Segent Kelemu a décidé de revenir travailler en Afrique. Elle est aujourd'hui directrice générale du Centre international de physiologie des insectes et l'écologie (Icipe). Basé à Nairobi au Kenya, l'Icipe opère dans plus de 30 pays et emploie près de 400 personnes venant du monde entier.

    Elle espère que cette distinction lui permettra "de mettre en avant l'importance de la recherche et des sciences auprès de la jeunesse africaine et des élites dirigeantes". Segenet Kelemu en est persuadée : "Les sciences, la technologie, la recherche et l'éducation sont essentiels au développement de toute nation."

     _________________

     Par Vincent DUHEM


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    Union africaine

    Addis-Abeba accueille également le siège de l'Union africaine. © AFP

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Les conseillers du commerce extérieur de la France dans neuf pays (du Soudan à la Tanzanie) se réuniront pour la première fois à Addis-Abeba les 10 et 11 avril prochains. Objectif : renforcer la diplomatie économique de la France dans la région.

    La diplomatie économique française est en marche en Afrique de l'Est. Preuve de l'intérêt des entreprises hexagonales pour la région, les conseillers du commerce extérieur de la France dans neuf pays (du Soudan à la Tanzanie) se réuniront pour la première fois à Addis-Abeba les 10 et 11 avril. Au même moment, d'après une source ministérielle, les ambassadeurs de France de la région se retrouveront dans la capitale éthiopienne. L'opération est organisée avec la bénédiction de Jean-Christophe Belliard, "Monsieur Afrique" du Quai d'Orsay et ex-ambassadeur de France en Éthiopie, réputé proche des entreprises.

    Approche régionale

    Cette nouvelle approche diplomatique, qui s'appuie sur la mise à disposition du réseau diplomatique hexagonal au service des entreprises françaises afin de les aider à décrocher des contrats à l'étranger, a été impulsée par Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères dès son arrivée au Quai d'Orsay en 2012.

    En effet, la France cherche désormais à sortir de sa zone d'influence traditionnelle et à capter une part de la croissance des grands pays anglophones du continent à l'instar de la Tanzanie, de l'Ethiopie et du Kenya.

    Marché

    À preuve, après s'être rendue dans ces deux derniers pays en novembre 2012, Nicole Bricq, la ministre française du Commerce extérieur, s'est déplacée en Tanzanie début mars, "afin de renforcer les liens politiques et économiques avec ce pays et sensibiliser les entreprises françaises à un futur grand marché d’Afrique subsaharienne", indique un communiqué du ministère.

     
     
     S

     


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    Les populations vivant dans des régions montagneuses en Amérique du Sud et en Afrique de l’Est sont plus touchées par le paludisme que par le passé. Et pourquoi donc ?

    Selon des travaux publiés le 6 mars 2014 dans la prestigieuse revue Science, les populations vivant dans des régions montagneuses en Amérique du Sud et en Afrique de l’Est sont plus touchées par le paludisme que par le passé. Cela résulterait de la montée des températures en altitude.

    Une élévation locale des températures constitue un facteur connu du développement du paludisme. En effet, les moustiques porteurs des parasites responsables de la maladie (Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax) se multiplient davantage lorsqu’il fait plus chaud.

    Ainsi, es auteurs de l’étude ont comparé l’évolution des cas de paludisme dans l’ouest de la Colombie de 1990 à 2005, et dans le centre de l’Éthiopie de 1993 à 2005. Ils ont ensuite comparé le nombre de cas avec les fluctuations annuelles des températures moyennes dans ces régions. Ils concluent que le nombre de cas de paludisme augmente à des altitudes plus élevées durant les années les plus chaudes et diminue pendant les années les plus fraîches pour s’accroître dans les zones moins élevées.

    Les travaux indiquent que le changement climatique va accentuer le fléau du paludisme, notamment dans des régions à altitudes élevées avec une forte densité de population comme en Antioquia dans l’ouest de la Colombie et le centre de l’Éthiopie (où cette recherche a été effectuée).

    Dans une recherche précédente, ces mêmes chercheurs estimaient qu’en l’absence de mesures antipaludéennes, une augmentation d’un degré Celsius de la température pourrait se traduire par trois millions de cas supplémentaires de paludisme chez les moins de quinze ans en Ethiopie.

    L’impact du changement climatique sur le paludisme pourrait avoir d’importantes conséquences dans ces régions, d’autant que 37 millions d’Éthiopiens vivent à des altitudes allant de 1 600 à 2 400 mètres.

     


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